- plâtrer
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plâtrer [ platre ] v. tr. <conjug. : 1>• 1160; de plâtre1 ♦ Couvrir de plâtre; sceller avec du plâtre. « La muraille tournée vers la route était plâtrée d'un crépi à la chaux » (Gautier).2 ♦ Agric. Amender (une prairie) en y répandant du plâtre. — (1860) Acidifier (un vin, un moût) à l'aide de plâtre.3 ♦ Mettre (un membre, une partie du corps) dans un plâtre. — P. p. adj. Jambe plâtrée. — Par ext. Plâtrer qqn. « Plâtré du genou à la hanche » (Bosco).4 ♦ Fig. « des joues plâtrées de fard » (Huysmans), exagérément fardées de blanc.
● plâtrer verbe transitif Couvrir, enduire une surface de plâtre : Plâtrer une cloison. Colmater un trou avec du plâtre. Mouler sur un membre un plâtre chirurgical : Plâtrer une jambe cassée. Maquiller son visage d'une couche trop épaisse de fard.plâtrerv. tr.d2./d AGRIC Plâtrer une prairie, l'amender en y répandant du plâtre.d3./d Mettre (un membre fracturé) dans un plâtre. Plâtrer un bras.⇒PLÂTRER, verbe trans.A. —1. Couvrir, enduire de plâtre. Plâtrer une cloison, un plafond. Un bouge, à présent nu, vide et délabré, dont les murs mal plâtrés sont ornés çà et là, à l'heure qu'il est, de quelques méchantes gravures (HUGO, N.-D. Paris, 1832, p.291). C'était l'unique pièce qu'on eût fait plafonner et plâtrer partout, à cause des souris (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Réveillon, 1882, p.49).2. P. anal., fam. Farder (souvent de manière excessive).a) [Le suj. désigne le fard] Recouvrir en épaisseur. Des couches de poudre plâtrant son visage, celui-ci avait l'air d'un visage de pierre (PROUST, Guermantes 2, 1921, p.199).b) Empl. pronom. réfl. Se plâtrer (le visage). Dans son maquillage ça dégoulinait en couleurs! Elle s'était poudrée... plâtrée... fardée tant et plus! Elle se faisait des cils d'odalisques, elle se ravalait pour venir en ville! (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p.487).3. Au fig. Arranger ou camoufler grossièrement. Helvétius dit (...) que toutes les intelligences sont égales; mais, en cela, il fit tort à la sienne, car pour plâtrer sa balourdise, il fut obligé d'ajouter que la différence entre les hommes résultait du plus ou du moins d'attention qu'ils apportent à leurs études (MUSSET, Lettres Dupuis Cotonet, 1836, p.609). En attendant une grosse catastrophe qui paraît très probable, on tâche de plâtrer et de replâtrer le statu quo (MÉRIMÉE, Lettres ctesse de Montijo, t.1, 1847, p.261).B. —AGRON. Amender (une terre) avec du plâtre ou du plâtras. Plâtrer une prairie artificielle (Ac. 1835-1935).C. —OENOL. Clarifier et acidifier (un vin) par l'emploi de plâtre. Les vignerons du Midi plâtrent leurs vins pour les épurer, pour leur donner une couleur riche, une robe éclatante et plus pure (LITTRÉ-ROBIN 1858, 1865).D. —CHIR. Plâtrer un membre, une partie du corps. L'immobiliser en le mettant dans un plâtre.— [P. méton.] Plâtrer qqn. Cette fillette que nous avions plâtrée ensemble, et envoyée à Berck (MARTIN DU G., Thib., Épil., 1940, p.895).Prononc. et Orth.:[
], (il) plâtre [
]. Ac. 1694 et 1718: plas-; dep. 1740: plâ-. Étymol. et Hist.1. 1287 plastrer «couvrir, enduire de plâtre» (A. LONGNON, Doc. rel. au comté de Champagne et de Brie, t.III, p.65 ds C. A. BEVANS, The Old French Vocabulary of Champagne, Chicago, 1941, p.107: plastrer fenestres); 2. a) 1580 fig. «chercher à étayer, à conforter» (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. Villey-Saulnier, p.539); b) 1588 fig. «revêtir d'une apparence trompeuse, masquer» (ID., ibid., III, 10, p.1019); 1689 paix plâtrée (Mme DE SÉVIGNÉ, Corresp., 16 oct., éd. R. Duchêne, t.3, p.729); 3. 1618 pronom. «se farder» (BRUSCAMBILLE, Fantaisies, Prol. de la laideur, p.40: [les femmes] se plastrent pour paroistre belles); 4. 1835 agron. (Ac.); 5. 1860 oenol. (PAYEN, De l'alim. publ., La vigne in R. des deux mondes, 15 juill., p.397 ds QUEM. DDL t.10); 6. a) ca 1887 chir. appareil plâtré «plâtre chirurgical» (Gde Encyclop. t.3, p.389b); b) 1937 part. passé adj. «mis dans le plâtre (en parlant d'un membre fracturé)» (MALRAUX, Espoir, p.514: le bras plâtré); 1937 part. passé subst., p.méton. «qui a un membre plâtré» (ID., ibid., p.697). Dér. de plâtre; dés. -er (cf. la forme plastrir, ca 1175, Chronique Ducs Normandie, éd. C. Fahlin, 42063).DÉR. Plâtreur, subst. masc., région. Plâtrier, maçon. Une demi-heure s'était peut-être écoulée depuis que le charretier avait aperçu cette voile, quand un plâtreur, revenant de son ouvrage de la ville et contournant la mare Pelée, se trouva tout à coup presque en face d'une barque très hardiment engagée parmi les roches du Quenon, de la Rousse de Mer et de la Grippe de Rousse (HUGO, Travaill. mer, 1866, p.229). — [
]. — 1res attest. a) 1508 plastreur «ouvrier qui utilise le plâtre» (F. BLANQUART, Comptes de dépenses pour la constr. du pavillon d'entrée du doyenné d'Évreux, p.58) —1576 (SASBOUT, Dict. flam.-fr. ds Fonds BARBIER: Leemplecker, plastreur ou enduiseur d'argile) attest. isolées, à nouv. 1866 (HUGO, loc. cit.), b) 1645 fig. plastreux [graph. phonét. pour plastreur d'apr. LITTRÉ] «personne qui déguise la vérité» (J. L. GUEZ DE BALZAC, Lettres, 16 oct., éd. Ph. Tamizey de Larroque ds Coll. de doc. inéd. sur l'hist. de France, Mél. hist., t.1, p.705: celuy [Voiture] que vous [Chapelain] appelez le plastreux et le patelin), 1661 plastreuse fém. (J. CHAPELAIN, Lettre à Mme de Sévigné, 7 nov. ds Lettres, éd. Ph. Tamizey de Larroque, t.2, p.164); de plâtrer, suff. -eur2. Cf. le lat. médiév. plastrator (1292 ds LATHAM).BBG. —GARY-PRIEUR (M.-N.). Contribution à l'ét. de qq. règles sémantiques... Thèse, Paris, 1979, pp.482-484.plâtrer [plɑtʀe] v. tr.ÉTYM. 1538; plastrir, v. 1160; de plâtre.❖1 Couvrir, enduire (une surface) de plâtre; sceller avec du plâtre. || Plâtrer un mur, une cloison, un plafond. — Absolt. || Maçon qui plâtre.1 La muraille tournée vers la route était plâtrée d'un crépi à la chaux qui en dissimulait les gerçures et les dégradations, et donnait à la maison un certain air de propreté.Th. Gautier, le Capitaine Fracasse, III.2 Agric. Amender (une prairie) en y répandant du plâtre. ⇒ Plâtrage. — (1860). || Plâtrer du vin, des moûts pour en activer la fermentation.4 (XVIIe). Fig. et fam. || Plâtrer son visage, se plâtrer : se farder (→ ci-dessous, cit. 2, Bossuet), et, spécialt, se farder exagérément et mal.2 (…) elle se plâtre, elle se farde, elle se déguise, elle se donne de fausses couleurs (…)Bossuet, IIIe Sermon pour le dimanche de la Passion, II.——————plâtré, ée p. p. adj.ÉTYM. (XVe).1 Cloison plâtrée. — Moûts plâtrés. — (Plus cour.). || Jambe plâtrée. — Par ext. (Personnes). || Plâtrée du genou à la hanche (→ Fracturer, cit. 2).2 (Au sens 4.). || Des joues plâtrées de fard (cit. 3). — (Personnes). || Des filles plâtrées et grasses (cit. 24) de fard. — REM. Le mot n'est devenu péjoratif qu'au cours du XIXe siècle.3 En même temps, de fort belles dames, délicatement plâtrées de blanc et de carmin (…) commençaient à sortir de la salle de spectacle, ayant grand soin de marcher de profil pour ne pas gâter leurs paniers. Tout ce monde brillant parlait à voix basse (…)A. de Musset, Contes, « La mouche », III.3 (1645, Corneille). Fig. et vx. Couvrir, dissimuler sous une apparence fallacieuse. || Rien que de factice (cit. 4) et de plâtré. ⇒ Feint, simulé. — Spécialt. || Paix plâtrée : paix (traité de paix) qui n'est pas sincère et recouvre des intentions secrètes (cf. Paix fourrée).❖DÉR. Plâtrage.
Encyclopédie Universelle. 2012.